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L’argent brille moins que l’or, il est peut-être aussi plus sage. Quand des pluies cristallines ont passé, que de belles mélodies sont nées, que les émerveillements ont été chassés, en un mot quand le cinéma du duo Man s’est éteint, Charles- Éric Charrier s’est mué en Oldman, vieil homme vieille main, et s’est logé dans le pli du soir. Le mat – et non le terne – s’y explique comme dans son domaine. Silver, album réalisé à trois, sous la direction de Charles-Éric Charrier, prend soin de l’attente, joue la connaissance du crépuscule dans le train d’un folk d’après la pluie. Les genres peuvent bien s’y trouver collés, poissés de cette eau du ciel : western fantasmé, post-rock, drone craqué, ils s’agrègent et se séparent, se retrouvent, mais surtout laissent la musique rock libre de toute attache au rock. Parlons alors de rock ambiant, de cette poussière d’après le sec, soulevée par les cymbales qui brillent des lumières du soir, à contre-jour, de cette guitare rêche (le glissement est entendu) qui pourtant est la seule source à laquelle s’abreuver lorsque le vent a tout séché. Vient, quand le paysage est ainsi perçu au profond de tous ses plans, le temps de suivre la lourde respiration qui le porte, la vibration d’une basse qui, grattée ou frottée, allongée ou accordée au mouvement des autres cordes, appelle jusqu’à l’orage qui laverait de nouveau. Cette dernière image n’est que peu pertinente dans la couleur musicale du tout, pourtant la basse rappelle à bien des endroits le travail de Barry Adamson sur The firstborn is dead de Nick Cave. Ici, pas de voix, une teinte cuivre absente du disque de l’Australien, mais bel et bien l’édification d’un faisceau qui relie terre et ciel.
Denis Boyer
2011-08-14