Holterbach M. & Julia Eckhardt – Do-undo (in G-maze)

Helen Scarsdale Agency
www.helenscarsdale.com

Aussi près de la dispersion dans l’uniforme que l’artiste puisse se trouver, l’un des ses devoirs est sans doute d’affirmer son énergie vitale, son innervation. C’est jouer avec le feu, comme le papillon à la flamme, se trouver attiré irrésistiblement par la matrice, mais en réaction tout aussi impérieuse au principe d’entropie, rapporter ce que l’on a vu là-bas, s’en faire le poète. Le travail de Julia Eckhardt, dont le laboratoire sonore est basé à Bruxelles, a pris entre autres formes la constitution d’archives d’enregistrements de sons de violons alto dont le point commun est la tonalité : G (soit sol). Transformer les harmoniques de ces cordes, les traiter, distordre leur uniformité, pénétrer dans le fil de l’indifférencié, c’est le travail que s’est assigné Manu Holterbach (dont nous avions particulièrement apprécié le mini-CD Aare Am Marzilibad) en s’emparant de ces archives et en les mêlant à des sons de sa composition ou de sa récupération (field recordings), de même tonalité. S’ensuit une profonde et luxuriante musique d’harmoniques, par définition, bourdonnante dans sa forme centrale, mais entomologique, pseudo urbaine, naturaliste et architecturale en périphérie comme peuvent l’être, dans de différentes mesures, celles de Tarab, Jgrzinich ou encore Steve Roden. L’influence du minimalisme de Phil Niblock et Eliane Radigue est revendiquée et l’on se trouve en présence d’une musique d’échelle, une immersion dans le jeu du micro événement. Rapporté à la concentration invoquée, celui-ci prend mille tournures, à la façon d’un voyage visuel en microscopie, qui dévoile les différentes dimensions d’un univers infra. Ajoutons à cela qu’aucun jeu de sous-mixage ne vient forcer l’oreille à une attention douloureuse et difficilement soutenable sur la longueur, on se trouve en présence dès l’abord de la mise en perspective demandée. La richesse de la variation dans ce qui se présente comme ramassé en ton, montre un nouvel épisode du considérable vivier sonore que constitue l’écoute du monde, ne négligeant aucune dimension de l’approche de son principal appréciateur puisqu’il s’agit de l’homme qui comprend avant tout la musique comme l’expression sur instrument dédié. Ici, le violon qui joue ce rôle, est fondamental, et il entraîne dans sa séduction le cortège des sons apportés par Holterbach, dont tout l’art s’est manifesté dans leur fusion et leur torsion. Voyage au plus près de la ligne droite, et retour remarquable de l’ondulation.

Denis Boyer

2010-12-20