Gin
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Il y a, dans ces friches aquatiques, le souvenir actif (la rêverie ?) d’une submersion totale et de son mouvement obscurci, la pratique des chemins abyssaux de Lull, jusqu’au point même où Mick Harris les a remis au jour avec le récent Like a slow river. Et c’est peut-être plus encore dans les extensions sirènes les plus rugissantes de Scorn qu’il faut chercher et entendre l’influence du musicien de Birmingham. Un dark ambient des profondeurs, un écho aux clameurs de Léviathan lancées chez Lustmord, compléteront le tableau des influences criantes. Pour le reste, comme on l’a entendu sur le disque partagé il y a quelques années avec The Infant Cycle, Jared Davison joue avec les quelques diffractions sonores que le peu de lumière pénétrante permet, et une fois passé l’appel scolaire de la corne de brume, la navigation en aveugle se fait tactile, ondoyant au rythme lent et lourd du son de l’eau froide, du tournoiement rouillé qui l’accompagne. Cette nuance orangée, l’oxydation du son, son effritement, son appel constant au vaisseau qui jamais n’abandonne l’auditeur, marquent l’empreinte personnelle du musicien. C’est que l’eau parfois fait mine de se transformer en vent, de porter, déformés, tronqués, les derniers échos naufragés : de lointaines réverbérations métalliques, des fins de grincements, des ondulations échappées d’un moule circulaire, et un bourdon qui, jamais unique, apparaît comme dans la trame du rêve, de l’inéluctable du courant mêlé.
Denis Boyer
2010-05-24