Ant-Zen
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Il y aurait beaucoup de temps à perdre, en cherchant à savoir si la musique d’Ahnst Anders est ambiante ponctuée de rythmes, ou plutôt électro rythmée dans une version éthérée. Ces questions de styles restent pourtant très pertinentes, si l’on considère les détails les plus ostensibles de l’un et de l’autre : nappes profondes, harmoniques gris, et échos de cascades d’un tempo brisé façon minimal techno. Mais l’album d’Ahnst Anders Many ways est loin de se laisser réduire à ces questions d’habillage. Son premier CD Dialog, publié par Pflichtkauf en 2007, avait déjà cette faculté de séduction et de désorientation. Cela tient sans doute à cette volonté revendiquée d’assimilation des différentes sollicitations sonores du quotidien. C’est pourquoi l’on trouve, environnant les coquetteries technologiques, des enregistrements industriels (trains) ou naturalistes (vent, feu), qui colonisent la silicone comme le neurone sur la puce électronique. Pris dans cette globalité, le projet d’Ahnst Anders montre sur les poussées d’harmoniques un nuancier de gris, une variation infime dans la tonalité mais large dans une composition patiente des éléments disparates dont il faut trouver la vibration commune et, ainsi fait, mener sur une texture soufflée, un bourdon bleuté, une pulsation chromée, un horizon peuplé d’oiseaux présents depuis les rutilances métaphoriques jusqu’aux indiscutables incarnations sous forme des field recordings de leurs chants. Environnement global musicalisé ou musique hautement pictogène, voilà donc plutôt le point de vue à découvrir. A moins que, cinéma mental et synesthésie aidant, l’on se réjouisse, simplement, de respirer différemment.
Denis Boyer
2010-01-18