Ant-Zen
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Il y a des recettes de bonne fortune, et parmi celles-ci, l’apparition de rythmes électro sur une nappe élégiaque est l’une des plus goûtées, au point de perdre souvent toute saveur. Et pourtant, dans une époque encore proche, dix ou douze ans en arrière, cette méthode promettait de belles émotions : usure de l’effet ou manque de talent des épigones ? Les deux sans doute. Mais à bien guetter, on retrouve de loin en loin le souffle épique, presque intact. The sniper’s veil, deuxième album de Tonikom sur Ant-Zen est la marque de l’une de ces rares réconciliations. Cela tient sans doute tout autant à la qualité de l’introduction qu’à celle de la libération rythmique, ce qui rapidement porte la comparaison avec l’acte amoureux ! En guise de préliminaire le chant nébuleux charge les premières minutes d’intensité sacrée, aidé en cela par les discrets effets de réverbération automnale. La mélodie est doublée par un fredonnement d’enfant en survol brouillé. Puis les deux sont ponctués d’ondes concentriques synthétiques, traînant dans le sillage la basse profonde qui prépare l’arrive du pied rythmique. Celui-ci n’est pas sourd, et s’adapte, se love, dans les creux des séquences de fantômes vocaux. Plus loin, de simples mélodies électro, chargées de cette intensité première, en fournissent un équivalent méritant. On pense, et c’est avec un peu de nostalgie, à de semblables souffles épiques sur le Body bags de Delta Files, le Nord d’Imminent Starvation ou, plus près, à un album sur deux de Hecq. Contention et révélation, nébulisation et détonation, une belle tournure de puissance extatique.
Denis Boyer
2009-09-26