The Ceiling
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La majeure partie de la musique de The Infant Cycle consiste en un travail sur le rythme claudicant, la boucle cassée, le sillon fermé, comme le grossissement de la boiterie de Silk Saw. La majeure partie oui, mais aujourd’hui, le Mysterious disc de The Infant Cycle est un album de drones. Pour autant, il ne transige pas avec son esthétique sèche et glacée, il en a simplement retiré les arêtes. Fréquentant physiquement et musicalement de nombreux artistes de la nappe, depuis Cordell Klier jusqu’à Aidan Baker en passant par Liquid Sphere, The Infant Cycle / Jim deJong s’est risqué sur leur chemin. La poésie dépassant la géographie, ou bien l’augmentant, on peut néanmoins affirmer qu’il n’a pas quitté sa propre voie. Ses nappes semblent aussi tressées en boucles, comme le sont habituellement ses sauts rythmiques, mais le minéral s’est dissous dans ce fluide qui n’est pourtant pas loin, tant il est froid, de se figer à nouveau. On n’en saura pas plus sur la nature de ces vibrations d’harmoniques car c’est un disque volontairement mystérieux, sans rien pour le renseigner, atteint d’une même absence que la plupart des œuvres de Francisco López, pour une approche transcendantale. Alors soit, plongeons dans ces oscillations et dans ces liqueurs, qu’elles soient chargées de promesses mélodiques ou au contraire semblent traverser un espace sans lumière, elles sont d’un drone granuleux, chargé de sels. Après tant de saisons d’engrangement, les amas de clicks et de grésillements, miraculeusement animés dans les expressions coutumières de The Infant Cycle, ne sont sont pas désagrégés en vain : dans les flux et les reflux, les sinus de sable, les vents froids chargés de cristaux, les glaces tremblant jusqu’au bourdon, ils déploient un disque effigie de ce que l’on appellera grey ambient.
Denis Boyer
2009-02-22