Unsung Records
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Il est de Robert Rich comme de Dirk Serries : de si nombreuses années à naviguer dans les eaux des musiques informelles ont composé un paradoxal goût du relief. A juger par Trances & drones, le double album anthologie par lequel nous fûmes nombreux à le découvrir, Robert Rich s’entend comme un précurseur du dark ambient glacial et stellaire, comme Lustmord avec qui il réalise quelques années plus tard la bande son imaginaire de Stalker. Déjà, on voit, on sent et on touche, et peu à peu ses œuvres se peuplent de couleurs, de températures et de tempéraments, jusqu’au Bestiary, magnifique animation de chimères publiée par Relapse il y a quelques années. Aujourd’hui, en compagnie du producteur allemand Markus Reuter, il relie la Californie au Fourth World. Cordes (guitares, basses, pianos) et flûtes, percussions et traitements, un flot de gestes qui recréent la chaloupe ethnofuturiste, le paysage hydraté, les protomélodies envoûtantes comme le parfum suave d’une fleur rare. La canopée est parfois traversée de rais lumineux, des strates d’harmoniques de guitares haut perchés, se terminant en cris d’oiseaux. Le vent calme de la nuit, la basse boisée et les nappes scintillantes font de cet album une œuvre uniformément bienveillante, une forêt sans inquiétude, où nul prédateur n’est à l’affût. Ce paradis voit flotter toutes les notes, elles sont d’avant la chute, jusqu’aux quelques nuages de voix qui inondent les clairières du morceau Recall. Des quelques échos cosmiques qui sourdent encore, Robert Rich rappelle qu’il fut le compositeur du firmament. Revenu pour de bon sur Terre, il excelle encore à décrire la reptation dans les sylves de cordes sinueuses, basses en tête, croisant parfois le style de Paul Schütze et O Yuki Conjugate.
D.B.
2008-09-15