Lens Records
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Il existe peu de territoires de la musique électronique qui aient échappé au quadrillage de Mark Spybey. Cet ex-membre de Zoviet*France (dont il a reformé une section parallèle avec le membre fondateur Robin Storey : Reformed Faction) s’est surtout fait connaître dans les années 90 avec ses projets Dead Voices On Air et Propeller. Ambient magmatique, électro abstraite ou vintage et minimale, kraut rock, ses déclinaisons sont parfois conjuguées au talent des collaborateurs qu’il choisit. Cette fois il s’est associé à Phil Western, qu’il a rencontré lorsqu’il faisait partie de Download, projet parallèle à Skinny Puppy. Composé par l’intermédiaire de l’internet, l’album est pourtant très fluide, partagé comme le désert entre aridités et oasis verdoyantes. Gardant en commun le soleil au zénith, les morceaux s’étirent pour les uns en traitements de drones et pour les autres en élégantes digressions electronica aux accents 70 et 80, rappelant le velours de Depeche Mode période Violator. La plupart de ces morceaux, chantés ou susurrés, s’étendent jusqu’au pied des dunes, où les ondulations droniques reprennent pour un instant leur empire, avant de céder la place aux rythmes et arabesques au moindre tournant hydraté. Pour d’autres, la rencontre n’aurait sans doute pas été toujours heureuse, précipitant les morceaux dans des sables mouvants de confusion sytlistique. Au contraire, les deux hommes sont très à l’aise dans l’alternance des expressions, dans leur glissement, comme le seraient sans doute O Yuki Conjugate et Barry Adamson. Beehatch se nourrit d’un temps où le départ entre abstraction et figuration musicale n’avait pas été prononcé aussi clairement qu’il l’est désormais. Retour sur un paradis à la Eno, nourri d’exercices industriels et électro, et poli comme le rocher par les vents chauds, Beehatch est un duo, est un disque de profonde concordance, à l’image des voix d’outre-ciel, élégiaques, survolant le tissage métallique du morceau God is so good, God is SO dub.
D.B.
2008-09-15