Equation Records
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Il existe plusieurs chemins pour atteindre à la dissolution, l’un d’entre eux est la contemplation de l’océan, depuis la plage ou de son dedans. Les vagues, les flux, rapidement pressent le nageur jusqu’à ces fonds obscurs que Mick Harris a si brillamment musicalisés dans ses disques de Lull. Comme lui, Steven Wilson lorsqu’il prend la forme de Bass Communion joue une profonde musique d’inquiétude. La sienne est un tissage de différents traitements de sons graves, issus de cordes ou de field recordings. Sous l’eau, dans le froid courant qui s’insinue au ras des sables aveugles, Bass Communion édite son Pacific codex, un manifeste de musique ambiante sombre et dissolvante. Les tintements medium qui illuminent parfois la lourde texture résonnent en auréole violacée, laissant deviner cette manière de monstrueux épiderme qu’étirent les drones glacés et les grondements métalliques. Toute la structure est construite de ces sons du métal ; celui-ci s’est fait la lettre dont Steven Wilson écrit dans son codex l’antique ondulation d’un Léviathan, déclinée dans le pli qu’imprime le froid courant de fond. Images liquides de vent et de banquise en un mouvement incessant de ces heurts métalliques atténués très tôt, tronquant leur sillage mais portant la lumière froide de leur globe pour illuminer le chemin que l’on a décrit, reflet inversé de celui de Thomas Köner, flux croisant celui de Lull. Lull, Köner, avec eux, Bass communion vibre dans le noir, fait vibrer le noir dans toutes ses nuances de gris et de bleu. Il existe plusieurs chemins pour atteindre à la dissolution, parfois le chemin est lui-même dissolution.
D.B.
2008-09-15