Blight Records / Equilibre Music / Productions Spéciales
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Marc T. a bien mis fin à Dither, il en reste toujours des traces dans Dirge. La nappe qui introduit ce nouvel album en témoigne dans la forme. Et tout au long du disque, la matière résonne des années d’application ambient mid tempo. Qu’on ne s’y trompe pas, Wings of lead over dormant seas – qui est sans doute le plus profond et le meilleur des travaux de Dirge – est baigné de métal ; son titre l’atteste autant que le passé (mouvementé) du groupe. Aujourd’hui stable, celui-ci regarde sa musique évoluer vers l’immobilité, dans ces eaux dormantes qui sont, comme chez Poe, le miroir reflétant tout autant que le puits de l’insondable. « Devant l’eau profonde, tu choisis ta vision », écrivait Bachelard. Pour Dirge, il semble que les deux images, le ciel et le fond, se mêlent. Les longs morceaux de l’album réverbèrent le rock progressif et sont comme des plongées ou des jaillissements, augmentant la densité, la pression, la température. Car il est un moment où l’on doute de la nature totalement aqueuse de cette mer. Ne s’agit-il pas de quelque pâte magmatique, d’une boue primordiale… D’envoûtantes progressions sludge soutiennent des morceaux exemplaires, comme Meridians ou Epicentre, longues pistes de chauffe dans lesquelles le vent glacé – en nappe, en arpège de basse – agace les cordes de guitare qui, par quelque paradoxe, en rougeoient. Rythmées par des toms lourds et lents, elles soulèvent l’air chaud en spirale, elles s’allongent en plaintes, s’agitent en stridences aigrelettes comme d’infimes kaléidoscopes ou jouent le déchirement glacé de Head Of David et certains morceaux de Godflesh. Surtout, elles montent en tissage des séquences de mélodies mélancoliques, dans le sillage de Neurosis bien sûr, ou même de Godspeed, You Black Emperor !. Hypnotiques, ces maillages font perdre le fil du temps, retombent comme langues de feu sur le bouillonnement qui semble un temps s’apaiser autour de sons froids et cosmiques, préparant une nouvelle éruption, un palpe épais décoré des flammèches que l’on a vues, dans lesquelles la voix (celle de N. Dick de Kill The Thrill sur Epicentre) est un autre déchirement, et la basse un pilier vers le ciel, d’où jaillissent des ailes de plomb. D.B.
D.B.
2007-11-21