Galati – Cold As A February Sky

Glacial Movements

https://glacialmovements.bandcamp.com/album/cold-as-a-february-sky

 

Il a toujours été question, dans la musique de Roberto Galati, de mesurer un équilibre entre la fixité des glaces qui le fascinent – dans sa vie de voyageur comme dans son exercice musical – et le mouvement pré-mélodique. À ce dernier on peut assigner l’image des mille détails que la glace peut dessiner, trompant de loin le regard trop rapidement convaincu d’uniformité. Mais aussi les jeux de la lumière : miroitement, diffractions, jeux d’ombres, autant d’audaces métaphoriques que l’on peut tenter en décrivant la musique de Galati.

Les cordes de la guitare permettent tous ces jeux, leur traitement, leur égrènement, leur vaporisation, le déliement en arpège comme la condensation en accord, et c’est avec elle que Galati compose la plus grande partie de ses morceaux. Mais il faut lui adjoindre parfois, comme ici, la basse, les synthétiseurs, le violon.

Vaporisation, certes. Mais avec ce nouvel album Cold As A February Sky, la lumière n’a jamais été tant déclinée, analysée, spectrographiée dans la musique du compositeur italien. Le titre semble d’ailleurs fixer la musique à distance des sommets et des pôles. Plus proche d’une expérience quotidienne, celle de l’hiver bien sûr mais conceptuellement plus familière à chaque auditeur. Musicalement, cela se traduit par une approche plus marquée des frontières mélodiques, du fredonnement naissant. Il y a dans cet élan la belle brûlure des claires journées totalement froides et ensoleillées du début d’année. C’est aussi plus de lumière franche et en cela le jeu sur les delays, l’allongement des boucles, le fuseau miroitant d’harmoniques inaltérables, éclairent incontestablement ces compositions étirées. Le regard toujours tourné vers les durs sommets qu’il affectionne, Roberto Galati traduit aussi l’implacable bleu du ciel. Quand l’œil se plisse et étire le rayon devant son âpre ensoleillement, les cordes répètent leur motif ; quand le poumon s’emplit d’air froid et sec, la texture délicate d’allongement et d’égrènement pousse la distorsion jusqu’au poudroiement.

Certains rapportent de l’expérience des glaces et des paysages extrêmes une toile sonore intouchable, encore d’un autre monde. Galati, lui, infuse le sacré dans l’émouvant, le frisson dans le flot, le toucher encore engourdi dans la vibration.

Denis Boyer