Lars Lundehave Hansen – Terminal Velocity

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Tonometer

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À l’inverse d’un schéma classique dans la musique électronique ambiante, Lars Lundehave Hansen a composé et réunit sur ce LP pas moins de vingt-et-un morceaux, de courte durée donc, « à la façon des pistes sur les albums pop des années 50 ». Ce détail n’est peut-être pas anecdotique. Car si la musique, froide, nourrie des plus actuelles recherches formelles dans l’allongement de la texture, du déploiement clair obscur dans le jeu des harmoniques, n’a rien de « pop », elle ne néglige jamais les épiphanies lumineuses. Mieux dit, elles servent souvent de berceau à une proto-mélodie, à un fredonnement qui s’évanouit dans la poussière cosmique, voire à une pulsation ordonnée qui range et fait rutiler la vapeur métallique.

Comment Lars Lundehave Hansen s’y prend-il sur de si courts formats (deux minutes par pièce environ) ? Employons une métaphore domestique : regardons, depuis l’extérieur, successivement par les nombreuses fenêtres d’un bâtiment monumental. On y apercevra des « pièces », toutes appartenant au même bloc architectural, mais chacune à vocation différente, d’où sa décoration unique. Voilà pour la diversité dans l’uniforme. Mais plus encore, cette vue sera conditionnée et limitée par le tour de la fenêtre, le cadre, restrictif et condensateur dans le même temps. Chaque pièce de l’album Terminal Velocity condense ainsi la forme d’une électro ambiante festonnée de cordes et de manipulations délicates, vivant dans le tour densifiant de ses deux ou trois minutes. Une mélodie des débuts de la new wave s’élève, diaphane, depuis quatre notes de synthétiseur, un paysage de salle de commande paraît à travers les rideaux enfumés de riffs mêlés aux accidents numériques, un champ lunaire se dessine dans l’élévation d’un drone lumineux, un printemps fait éclore le grain d’harmoniques jusqu’à le déployer en pétales mélodiques… Et tout cela, dans un immédiat complet de son déroulement : l’on dit que les rêves ne durent que quelques minutes…

Denis Boyer