Kallabris – Music for very simple objects (10’’)

Substancia Innominata
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Le titre n’est pas long à nous informer : le disque se situe dans un territoire qui, loin d’être le règne exclusif de Steve Roden, est pour le moins marqué de ses fréquentes visites. C’est pourquoi, à l’écoute de Music for very simple objects, l’on ne peut se défendre de songer à cette figure tutélaire. Pourtant, la musique de Kallabris diffère notablement en deux points. Tout d’abord la source des sons, toujours identifiés chez Roden – ceux-ci sont empruntés à un objet ou un lieu dont la musique se veut une traduction musicale (comme celle de Ponge faisait entrer les choses exactement dans le monde du langage poétique) – ; à l’inverse chez Kallabris, les field recordings, nombreux, ne sont pas identifiés. Ensuite, d’anonymes ces objets et ces lieux presque sans mémoire deviennent plus libres peut-être et leur mise en scène musicale est effectivement moins ronde que chez Roden. Les instants musicaux variés s’étendent du crépitement au chantonnement de métal, de l’effondrement boisé à l’irruption de cliquetis métallique. Les lieux figurés sont tout aussi divers : on imagine tantôt un champ en fin d’été, tantôt un atelier frais où les objets se balancent de conserve. D’autres fois c’est sous terre qu’on les croit réfugiés, quand le bourdonnement se fait plus sourd, mais c’est aussi à ce moment que, encore qu’atténué par le filtre organique de la terre, il se rapproche le plus de la voix humaine.

Denis Boyer

2010-12-20