Lens Records
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La musique de The Division est-elle véritablement éloignée de celle de Lab Report ? Les deux alias sont du même musicien, Matt Schultz, et l’on se rappelle les allongements obscurs, distordus, filandreux, encore imprégnés de musique industrielle qu’il déployait dans Lab Report. Ses compositions étaient parfois augmentées de la participation de vocalistes comme Genesis P. Orridge et Lydia Lunch. On le retrouvait également de loin en loin dans au nombre des musiciens de Pigface. En eau trouble, Matthew Schultz a manifestement toujours su trouver sa voie. The Division est tout aussi mystérieux que Lab Report, mais la forme de sa musique est changée : des percussions rares et hypnotiques comme un pouls ralenti, leurs échos métalliques, des circonvolutions de cordes et de flûtes dans la brume, des résonances boisées, des boucles de cuivres évoquant des voix. Un hermétisme rituel et oriental se dessine, mais travaillé à la façon de Zoviet*France, dont le label Lens Records explore l’héritage. De développements rythmiques en déviations bourdonnantes, la musique de The Division est un miroitement, une surface aqueuse sans plus de stabilité que celle de Lab Report, mais augmentée d’une fascinante géométrie, sinueuse et sableuse. La rivière apaisée est bien de la même eau que sa source tumultueuse, mais elle se découvre populeuse et souple comme le delta.
Denis Boyer
2009-09-24