Raster-Noton / Metamkine
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Après l’ancien monde dans le premier volume, celui qui puisait dans la musique classique, le Xerrox vol. 2 d’Alva Noto, explore ce « nouveau monde » de musiques plus libres, de tradition plus récente, mais de gravité parfois tout aussi resplendissante. Les samples qu’il a tirés sont de Sakamoto, S. O’Malley, M. Nyman. C’est dire combien cette frontière entre le classique et le moderne est volontairement floutée ici après avoir été revendiquée, deux des artistes mis à contribution naviguant eux-mêmes aisément sur l’héritage classique pour tracer leurs territoires modernes. Alva Noto est pareil, et il a rejoint depuis quelque temps déjà leur prestige. Il faut dire que sa maîtrise de la majesté dans le simple, dans l’éminemment simple, est en soi un but que peu atteignent avec tant de justesse. Xerrox vol. 2 en est un exemple assez éloquent. Les crépitements de décors, lointains et discrets, s’y montrent rapidement tirés vers l’essentiel : ils nourrissent un flot, ou bourdonnement d’or, un miel qui peut-être se résout en éclairage de la parfaite vague mélancolique qui flue et reflue, voile élégant d’harmoniques de cor, apaisé comme une mer au couchant. Il ondule et renvoie au demi-soleil de glitsches mille reflets qui l’alimentent. C’est une condensation rubanée, et les sons épaissis se distribuent en strates, vibrations lumineuses ou sourdes, s’accompagnant parallèlement, voire fusionnant sous certains effets d’élargissement. Cette dynamique du rayon sonore ressemble à une harmonie de la naissance. C’est un déploiement du son, sur un angle limité de notes, comme pour une ouverture symphonique. Ce jaillissement patient appelle aussitôt à être entendu comme une aurore, une éclosion du paysage. Alors, le passage de la frontière que nous évoquions plus haut, du classique au moderne, s’entend vraiment comme une régénération, appliquée ici avec l’importance d’une respiration.
Denis Boyer
2009-09-24