Wurm – Glacial Movements
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Glacial Movements, le label d’Alessandro Tedeschi / Netherworld, a pour vocation de constituer le catalogue musical des glaces. Pour éviter de paraître trop « könerien », autant sans doute que par inclination naturelle à la musique synthétique aérienne, l’Italien Oöphoi a répondu à l’invitation en décidant toutefois d’échapper aux « clichés du genre : sombres vrombissements, imposantes fréquences basses et atmosphères froides ». Il a préféré décrire en sons « le paysage blanc et la lumière éblouissante… ». Soit. Il reste toutefois à vérifier que ces deux séries sont à ce point dissociables, qu’elles puissent constituer deux expressions d’une poétisation musicales de la glace absolument autonomes, voire opposables. A l’écoute de An aerial view – qui remplit le projet de Oöphoi, observer cette glace « du dessus », la survoler comme un interminable paysage – on est saisi par la calme beauté qui s’étale doucement sur la totalité de la longue plage. Drone synthétique et thérémine tissent une nappe blanche illuminée, une élégie continuelle, vidée de sens – donc absolument blanche – nimbée d’une vague proto-mélodique tout aussi originelle. Devant tant de beauté, on l’assimile de toute évidence à la glace qu’elle illustre. Et l’on ne peut qu’y sentir ce froid, cette réfrigérante boucle sur soi-même, ce blanc mélodique comme les récompenses d’harmoniques issues des pièces de Final les plus inspirées, des plus austères révélations hivernales de Vidna Obmana. Ce froid, tout nimbé de lumière boréale qu’il soit, figure précisément la jonction, l’association entre ce survol et les exercices à fleur de banquise, ou de sa profondeur, qu’Oöphoi a souhaité écarter. Il a bel et bien congédié les vrombissements et les basses fréquences, il n’a pu se défaire de la nappe, du souffle qui fait le cœur, la surface osmotique entre son exercice et celui d’un Thomas Köner. Grâce à ce froid, il a même opéré en parfaite symétrie : là des points de lumière qui rendent la dure glace éloquente, ici les cristaux de givre qui font l’air un peu plus bleu. Et au milieu la voix du froid, air fantôme qui reprend les promesses de la vie et laisse planer les ondulations du désert primordial.
Denis Boyer
2009-02-22