Sound On Probation
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C’est un fait que Zonk’t, après avoir été le plus stupéfiant des projets de Laurent Perrier (ex-Nox), est désormais le plus froid, le plus aride et le plus minimal. Comme J.K. Broadrick et K. Martin parvenaient, mais cette fois dans le même temps, à nourrir le psychédélique Techno Animal et l’ascétique Zonal. Laurent Perrier a une culture musicale très large. Son label Odd Size et sa boutique parisienne du même nom, qu’il a tous deux animés dans les années 80 et 90, ouvraient cet éventail de musiques expérimentales, s’incurvant de Faust à DJ Spooky, en passant par P16D4, Zoviet*France, Coil, Illusion Of Safety et Soma. La musique de Laurent Perrier prolonge à sa manière ces tracés, en les superposant parfois, et surtout en élargissant la perspective avec un filtre électro, comme c’est le cas dans Zonk’t. Impressionné par Pan Sonic, Riou, Starfish Pool et Plastikman sans doute, L. Perrier a rejoint leur température et adopté leurs brillances. Old school en apparence et par goût esthétique, cette électro a l’aridité du nano-déhanchement et de la composition binaire. Elle s’installe comme hypnotique et diffuse son propre rêve dans les secondes qui suivent son coup de métronome : vague synthétique en planance chromée comme première importation de matériel non minimaliste. Car dans cette forêt aux allées parallèles, aux croisements orthogonaux, dont le point de vue surélevé laisserait observer à l’infini un maillage régulier, les fils de l’imagination nourrie à trois décennies de musiques aventureuses se délient et projettent un bien aventureux réseau superposé vers le morne horizon. Habiles réponses, jolis chatoiements, retour fantomatique du dub minimal célébré sur Purr l’album précédent, les vagues prennent le dessus et immergent le disque en plongée totale. Techno minimale héritée de Detroit, sans doute, mais elle a transité par les fosses océaniques, les troubles de la pression, comme les affaissements d’infrabasse sur le magnifique Spark évoquant particulièrement l’album Patashnik de Biosphere. Cette comparaison appelle un commentaire plus large, que l’on pressent dès les premiers instants de l’album : tant de natures différentes de sons qui ont imprégné Laurent Perrier l’ont convaincu de composer, peut-être à son insu, une fausse musique froide. Zonk’t est définitivement un lieu de contraste, jusque dans ces essais-là, les plus frigorifiés. Les reflets argentés des basses, les échos cuivrés des boucles aériennes, les ondulations colorées de ces fluides aquatiques, tout dénonce un mouvement velouté, organique et tempéré comme l’est celui du corps. Où, sans doute, Laurent Perrier rejoint Laurent Pernice. D.B.
D.B.