Crónica / A-Musik
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La pulsation minimale, les battements lowercase, cliqués ou soufflés, ont déjà fait l’objet de nombreuses explorations, suivi le chemin de plusieurs définitions. Ceux de Ryoji Ikeda, Pan Sonic, Noto, pour citer les plus connus, font autorité. C’est un territoire qui survit aisément à la techno dont il est en partie la résurgence. Il conserve assez d’abstraction dans le rythme et dans le fluide diffus qui l’entoure pour adopter encore quelques formes singulières. Celles de Gintas K sont très agréables à l’oreille. Il a retenu les leçons des découvreurs (auxquels on peut ajouter Myiase dont les premiers albums sont malheureusement méconnus), eux-mêmes héritiers de Cabaret Voltaire. Il pousse comme eux le paradoxe plus loin que le funk blanc, plus loin que le danse statique, plus loin que la disco plastique, jusqu’aux déhanchements subatomiques. C’est la poétisation chorégraphique des particules élémentaires. Sur fond de fréon marbré, il imprime aux craquements, aux microcompressions, la cadence mécanico-organique du tribalisme à vapeur. Ses gestes se particularisent sur des boucles de mélodies presque franches, plus que décoratives, à l’arrière-plan. Elles créent, comme chez Laurent Pernice, l’ébauche d’un sourire, plutôt crispé si l’on en croit la nature distordue de ce lyrisme minimaliste qui éclaire et réchauffe la composition réfrigérée lors de ses apparitions. Ce bouillonnement est tout entier manifestation de vie, à l’encontre de son déterminisme robotique, et contamine parfois jusqu’à la structure percussive qui se gonfle et se noie dans sa propre masse (l’excellent morceau Kulgrinda). Voilà pour Lengwai, premier CD du double album de Gintas K, dont l’autre partie est un long développement conceptuel (60 plages), sur la variation chromatique d’une même fréquence. L’écoute est laborieuse, et ne poursuit en rien les images et le jeu construits sur Lengwai. La fréquence, sur l’heure, varie en se transformant insensiblement jusqu’à parfois se couper en micro pulsation (tonalité), approcher de la disparition ou encore se densifier. Ode à la variation comme Lengwai est ode à l’exubérance de la simplicité, 60 x one minute audio colours of 2kHz sound n’a d’intérêt que formel et insensible, aux antipodes. D.B.