Lens Records
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Encomiast est un duo américain pratiquant depuis une dizaine d’années une musique dark ambient, à la suite d’Illusion of Safety. Peut-être plus peuplé que celui de Dan Burke, leur univers reflète ainsi la création contemporaine dans ce style, à l’image de celle que l’on peut entendre chez quelques excellentes formations russes comme Cisfinitum ou Staruha Mha. Drone technologique, faisceau gris, mais aussi tintements, échos organiques, bouillonnements… servent d’éléments à l’épaisse concoction musicale. Minimale d’abord, elle révèle une méthode de composition de plus en plus classique, favorisant l’épiphanie mélodique après les instants de bouillonnement élégant, jusqu’à la grâce de l’apesanteur cosmique (magnifique morceau de conclusion Amnios). Les deux s’épanouissent l’un dans l’autre et montrent une instrumentation dépassant le cadre drone industriel, incorporant le piano et quelques sons concrets. La lumière est faible dans ce début de figuration et certaines pièces sont mélancoliques à souhait (Concupere), jusqu’au funèbre (Azazel). Le rythme comme chez Troum croît tel le végétal hors d’une terre fertile, c’est une pulsation sourde, à peine effilochée en pointe par la distorsion de chaleur, une pulsation que nappe une vague désolée, arrangée sur quelques notes, suffisantes pour plomber le ciel dans une déclinaison violacée. Quels beaux éclairages dans ce crépuscule éternel, baignant les contours de plus fines percussions distribuées discrètement, comme sortant de l’ombre pour aussitôt la regagner. Bigarrure de camaïeu, la polychromie d’Encomiast montre la palette d’un style chevillé dans une portion du spectre de la lumière noire – celui qui, écrivait Roger Caillois, « du bleu insoutenable au bleu à peine discerné, analyse la ténèbre à l’état naissant ». D.B.
D.B.