I Dischi Di Angelica / RER
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Collaborateur de Jgrzinich et de Paulo Raposo, Antonio Della Marina rejoint leurs deux natures bien différentes dans un amour commun de la texture. Ni absolument organique comme le premier, ni totalement manipulateur abstrait comme le second, il est l’oasis de leurs tendances, le point cristallin d’où la lumière émane. Adapté d’une installation où le changement de longueur d’onde de différentes boucles induisait de subtiles variations d’accord, l’album Fades en garde la puissance esthétique malgré l’évacuation de ses contraintes et torsions techniques. C’est heureux, car plusieurs exercices de ce type ne parviennent pas à dépasser leur dimension spectaculaire. Fades est une musique hors du temps semble-t-il, à tel point que l’on hésite à lui faire correspondre un espace précisément dessiné. Les résonances, émanations lumineuses comme nous l’avons précisé, semblent sourdre tantôt de confins spatiaux, tantôt d’une voûte souterraine, comme celle dont le sage mineur que l’on rencontre dans le roman de Novalis Henri d’Ofterdingen est le gardien et l’augmentateur. Della Marina est celui-là d’une certaine manière, il développe, attentif aux plus fragiles ondulations, le train d’une onde qui rarement se divise, diffusée en faisceau plus souvent qu’en branches. Ce défilé lumineux connaît ainsi quelques timides bifurcations, plutôt que des multiplications de galeries. En ces occasions comme dans son déroulement principal, linéaire, il donne à se contempler pour lui-même, n’exposant rien de son environnement. Ces poussées cristallines sont leur propre but, parfois dans le drone médium, plus loin dans le tintement au lent babillage, éclairant par en haut une séquence ponctuée et plus bas le substrat infra. Ce canal de belles formes surprend alors dans son évocation hors de toute référence organique, pour résonner dans une manière de mélancolie transcendantale, idéale, d’avant l’homme. D.B.
D.B.